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LaPresse.ca - Crise des réfugiés: La famille du petit Syrien mort noyé tentait d'émigrer au Canada

La famille du petit garçon mort noyé sur une plage après le naufrage d'une embarcation de réfugiés syriens voulait émigrer au Canada, a affirmé sa tante, selon l'édition jeudi du quotidien Ottawa Citizen.

Teema Kurdi, installée à Vancouver après avoir émigré au Canada il y a une vingtaine d'années, a indiqué qu'elle avait monté en janvier un dossier d'immigration au titre d'un programme de réfugiés pour son frère, son épouse et leurs deux petits garçons.

La photo mercredi du corps du plus jeune des deux petits garçons, retrouvé noyé sur une plage turque, a fortement ému le monde. Avec son père, seul survivant de la famille, sa mère et son frère, il avait pris place dans une embarcation de réfugiés syriens qui tentaient de rallier la Grèce.

«J'avais essayé de me porter garante, aidée par des amis et des voisins pour les garanties bancaires, mais on n'a pas réussi à les faire sortir», a indiqué Mme Kurdi au journal.

Le dossier de réfugiés leur a été refusé en juin par le service de l'immigration canadien en raison, selon Mme Kurdi, de la complexité des demandes d'asile en provenance de Turquie.

Interrogé à la télévision mercredi avant la publication des photos-chocs, le ministre canadien de l'Immigration Chris Alexander avait indiqué que «le nombre (de réfugiés) augmente rapidement» à travers le programme du gouvernement et du soutien des citoyens. Il avait assuré «qu'environ 2500» réfugiés syriens avaient été accueillis au Canada cette année. Selon les derniers chiffres officiels, publiés fin juillet, 1002 Syriens s'étaient effectivement installés au Canada.

Avec le rejet de leur demande d'immigration au titre de réfugiés, la famille a donc embarqué pour fuir par mer. «J'avais même payé le loyer pour eux en Turquie», a ajouté Mme Kurdi.

Mercredi, les trois principaux partis politiques canadiens, en pleine campagne électorale pour les législatives d'octobre, ont tous promis d'accueillir plus de réfugiés.

La distance maritime entre Bodrum, en Turquie, et l'île de Kos, en Grèce, où les migrants voulaient accoster, n'est longue que de quelques kilomètres, mais la traversée est très dangereuse.

Parmi ces malheureux figuraient 5 enfants. Le cadavre de l'un d'eux, celui d'un petit garçon, a été photographié gisant face contre sable sur une plage de la Turquie après avoir été poussé par les vagues.

Cette photographie a fait la une d'une multitude de médias d'à travers le monde, suscitant l'indignation internationale.

Colère et frustration chez les Syriens au Canada

«Beaucoup de colère, beaucoup de frustration», résume Faisal Alazem, porte-parole du Conseil syro-canadien, pour décrire le sentiment qui règne au sein de sa communauté à la lumière de ce nouveau drame humain qui s'est joué sur les côtes de la Méditerranée.

La photo de ce bambin syrien échoué sur une plage de la Turquie, sans vie, était déjà choquante.

Le niveau de frustration et de tristesse au sein de la communauté syro-canadienne a décuplé lorsque des informations voulant que le Canada avait refusé la demande de statut de réfugié du petit Alan Kurdi et de sa famille ont commencé à circuler, mercredi soir.

Les détails sur les démarches d'immigration qui auraient été entamées demeurent flous, car il subsiste des différences entre le récit de la tante du garçonnet, celui du député sortant néo-démocrate qui a voulu intercéder en faveur de la famille Kurdi et celui d'Ottawa.

Selon Citoyenneté et Immigration, la demande qui a été refusée est celle de Mohammad Kurdi, l'oncle du bambin ayant péri noyé, car elle était «incomplète» et «ne respectait pas les exigences réglementaires en matière de preuve de la reconnaissance du statut de réfugié».

«Nos dossiers indiquent que nous n'avons reçu aucune demande pour M. Abdullah Kurdi et sa famille», a précisé le ministère dans un communiqué transmis jeudi après-midi.

Mais tout cela n'enlève rien au fait que le gouvernement Harper fait la sourde oreille depuis des années face aux demandes des Syriens installés au Canada, et qu'il dresse des barrières pour freiner l'arrivée de ceux qui fuient la guerre civile, dénonce M. Alazem.

«Leur seule issue, c'est le parrainage privé, mais il y a énormément d'obstacles. Et ce petit enfant qui nous a tous fait pleurer, sa tante de Vancouver essayait de le parrainer», a-t-il rappelé.

Face à cette crise internationale qui vient soudainement de prendre une dimension canadienne, alors même que la campagne électorale bat son plein, le ministre Alexander a décidé de suspendre ses activités partisanes pour se pencher sur le cas de cette famille syrienne qui est morte noyée.

«Ce qui s'est passé semble avoir touché les gens. J'espère que ça va créer la pression nécessaire pour revisiter ce dossier», souffle Faisal Alazem, qui mise sur la «corrélation» entre les décisions politiques et l'opinion publique.

«Parfois, les politiciens ignorent, mais il y a un moment où on ne peut plus ignorer», ajoute le porte-parole du Conseil syro-canadien.

Selon le candidat Fin Donnelly, les petits garçons Ghalib et Alan Kurdi, respectivement âgés de 5 et 3 ans, ainsi que leur mère Rehan, ont péri dans le naufrage survenu au large de la Turquie, alors que le père des enfants, Abdullah, a survécu.

Le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) a réaffirmé, dans la foulée de cette nouvelle tragédie survenue en mer Méditerranée, que le Canada devait ouvrir ses portes aux réfugiés syriens.

«Nous demandons, de toute urgence, que les Syriens qui ont de la famille au Canada soient autorisés à venir ici immédiatement afin que le traitement de leur dossier puisse être complété au Canada où ils sont en sécurité», a déclaré par voie de communiqué Loly Rico, présidente du CCR.

«Mes enfants m'ont glissé des mains»

Le père d'un enfant syrien de trois ans mort noyé au large de la Turquie, dont les images ont horrifié le monde entier, a raconté jeudi que ses fils lui avaient «glissé des mains» lorsque l'embarcation qui les conduisait en Grèce a chaviré.

«Nous avions des gilets de sauvetage, mais le bateau a subitement chaviré parce que des gens se sont levés. Je tenais la main de ma femme. Mais mes enfants m'ont glissé des mains», a raconté Abdallah Ebdi à l'agence de presse Dogan.

Douze réfugiés syriens qui tentaient de rejoindre l'île grecque de Kos, porte d'entrée vers l'Union européenne (UE), sont morts dans la nuit de mardi à mercredi au large de la station balnéaire turque de Bodrum (sud-ouest) .

Parmi eux figurait Aylan, trois ans, dont les images du corps gisant sur la plage, relayées par les réseaux sociaux et la presse, ont suscité une vague d'émotion et d'indignation dans le monde entier.

Son frère Ghaleb, cinq ans, et leur mère, Rihanna, 27 ans, se sont également noyés.

«Il faisait noir et tout le monde criait. C'est pour ça que ma femme et mes enfants n'ont pas pu entendre ma voix. J'ai essayé de nager jusqu'à la côte grâce aux lumières, mais je n'ai pas pu retrouver ma femme et mes enfants une fois à terre», a expliqué M. Ebdi, «je suis allé à l'hôpital et c'est là que j'ai appris la mauvaise nouvelle».

L'homme, originaire de la ville kurde de Kobané (nord de la Syrie), a également indiqué à Dogan avoir vainement tenté une première fois de rallier la Grèce avec sa famille, leur bateau ayant été intercepté par les garde-côtes grecs.

Quatre passeurs présumés arrêtés

La police turque a interpellé jeudi quatre passeurs présumés de nationalité syrienne après le naufrage qui a causé la mort de 12 migrants à destination de la Grèce, parmi lesquels l'enfant de 3 ans, dont les photos ont fait le tour du monde, a rapporté la presse locale.

Ces quatre personnes, âgées de 30 à 41 ans, ont été arrêtées dans la station balnéaire turque de Bodrum (sud-ouest), d'où étaient partis les deux bateaux qui ont coulé alors qu'ils se dirigeaient vers l'île grecque de Kos, a précisé l'agence de presse Dogan.

Soupçonnés d'homicides et «trafic d'immigrants», ils devraient être présentés devant un tribunal dans l'après-midi, selon Dogan.

«Quand je l'ai vu, je suis restée figée», témoigne la photographe

La journaliste à l'origine des photos de l'enfant syrien de trois ans qui ont horrifié le monde entier a confié jeudi avoir été «glacée» lorsqu'elle a aperçu le corps sans vie de la victime échoué sur une plage de la station balnéaire de Bodrum (sud-ouest).

«Quand je l'ai vu, je suis restée figée, glacée. Il n'y avait malheureusement plus rien à faire pour cet enfant. J'ai fait mon métier», a témoigné la photographe de l'agence de presse privée Dogan, Nilüfer Demir, sur la chaîne d'information CNN-Türk.

«Nous nous baladons régulièrement sur ces plages depuis quelques mois. Mais hier, c'était différent. Nous avons d'abord vu le corps inanimé du plus petit garçon, puis celui de son frère aîné. En les photographiant, j'ai simplement voulu refléter le drame de ces gens», a-t-elle ajouté avec pudeur.

Le premier enfant, Ayral Kurdi, vêtu d'un tee-shirt rouge et d'un short bleu, gisait le visage contre le sable de la plage de Bodrum.

La journaliste a ajouté que le corps de son frère, Galip, cinq ans, et celui de leur mère, Rehan, ont été retrouvés sur la même plage.

Selon un sauveteur turc interrogé par l'AFP, les trois victimes sont originaires de la ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie, assiégée pendant plusieurs mois par le groupe djihadiste État islamique (EI) avant d'être reprise en janvier par les forces kurdes.

La commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a dénoncé jeudi l'échec de la communauté internationale à protéger les réfugiés syriens et appelé à ne pas refouler ceux d'entre eux qui affluent en Europe.

Dans son dernier rapport publié jeudi, la commission note que l'afflux de réfugiés a provoqué par le passé des tensions dans les pays voisins de la Syrie -notamment la Jordanie, le Liban et la Turquie-, mais que «l'échec à protéger les réfugiés syriens se transforme aujourd'hui en crise dans le sud de l'Europe».

Les quatre membres de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'homme, n'ont jamais eu le feu vert de Damas pour entrer en Syrie, mais ils ont recueilli des milliers de témoignages de victimes, de documents et de photos satellites.

La commission demande aux pays de respecter le «principe de non-refoulement», conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, dite Convention de Genève, et de ne pas expulser les Syriens puisqu'ils ont le droit d'être reconnus comme réfugiés selon l'ONU.

Le conflit en Syrie, déclenché par la répression brutale de manifestations pacifiques dégénérant en conflit armé, a fait plus 240 000 morts. Plus de 4 millions de Syriens ont fui leur pays, qui compte au moins 7,6 millions de déplacés sur son territoire.

Une grande majorité des réfugiés syriens se trouvent toujours dans les pays de la région, mais ils sont de plus en plus nombreux ces derniers mois à venir en Europe, à leurs risques et périls, grâce à des réseaux de passeurs. Quelque 90 000 Syriens sont ainsi arrivés en Grèce entre janvier et juillet, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Mais ce périple n'est pas sans danger. Plus de 2000 Syriens ont péri en mer depuis le début du conflit en mars 2011, selon le rapport des enquêteurs de l'ONU.

La commission demande aux pays d'accueil de «créer davantage de moyens légaux» pour garantir une meilleure protection des réfugiés syriens, à travers notamment la pratique des réunifications familiales, une politique d'attribution des visas plus flexible et une meilleure répartition des demandeurs d'asile.

«Il est impératif d'avoir une véritable coopération internationale et un véritable partage du fardeau pour répondre à la crise humanitaire», écrivent les enquêteurs de l'ONU.

Source: http://www.lapresse.ca/international/crise-migratoire/201509/03/01-4897454-la-famille-du-petit-syrien-mort-noye-tentait-demigrer-au-canada.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_crise-migratoire_3407586_section_POS3

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