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Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
Depuis la prise du pouvoir par le Conseil National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) le 5 Septembre 2021, l’histoire s’accélère dans notre pays. Alors que dans sa Déclaration No1 la LDRG apportait son soutien au discours de prise de pouvoir du Colonel Mamady Doumbouya et ses hommes; et que dans sa Déclaration No2 elle suggérait un calendrier de 3 ans pour la transition afin d’éviter la précipitation qui avait fait foirer la transition de 2008; dans cette troisième déclaration, je tiens à partager avec vous nos modestes propositions quant à la mission à confier au Gouvernement d’union nationale annoncé par le CNRD afin de remettre notre pays sur les rails du développement attendu depuis plusieurs décennies par nos populations.

La LDRG a engagé des réflexions avancées depuis plusieurs années afin d’identifier les missions primordiales d’un Gouvernement d’union nationale dans le contexte d’une éventuelle période de transition en Guinée. Nous identifions notamment 3 principales missions primordiales pour un tel gouvernement :

1) La refondation de l’État ou la restructuration de l’Administration publique : l’Administration publique est le moyen d’action de l’État. Quelques soient les bonnes intentions politiques, si l’administration publique n’est pas fonctionnelle, il n’est pas possible d’avoir un impact positif sur la vie des populations. Voilà pourquoi il est très important de restructurer l’Administration publique guinéenne. 

Cela consiste, non seulement à enrayer totalement les agents fictifs du fichier de la fonction publique, mais aussi, à implanter une gestion contractuelle au sein des différents départements de la fonction publique. Une gestion contractuelle signifie la fin du carriérisme pour les hauts cadres de l’État. Les hauts cadres de l’État doivent bénéficier de suffisamment d’autorité pour la gestion efficace et efficience de leur département. Mais en contrepartie c’est un contrat de performance qui devra les lier au Gouvernement. Ce contrat doit clairement définir, non seulement le profil du haut cadre à recruter, mais aussi, les indicateurs de performance sur lesquels ils seront évalués. Si ces indicateurs de performance ne sont pas remplis, en ce moment le Gouvernement devra à tout moment mettre terme aux fonctions du haut cadre. 

Finalement, la refondation de l’État suppose de doter la Guinée d’une Administration publique qui ressemble à notre nation. Une Administration publique qui ressemble à notre nation contribuera fortement à la restauration de l’autorité de l’État voulu par le CNRD. Doter la Guinée d’une Administration publique qui ressemble à notre nation suppose d’avoir enfin le courage, entre nous guinéens, sans arrières pensées, de parler de quota de représentativité des différentes communautés ethniques au sein de l’Administration publique. C’est maintenant ou jamais. À cet effet, une Commission indépendante de la fonction publique guinéenne doit être immédiatement créée. Le premier objectif de cette Commission sera de constituer un bassin de candidats provenant des quatre régions naturelles de la Guinée. Son deuxième objectif sera de dresser le profile actuel de représentativité au sein de la fonction publique guinéenne afin de connaitre objectivement et quantitativement les groupes ethniques qui sont sous-représentés dans chaque département administratif. Puis, en fonction des demandes de recrutement de chaque département, c’est cette Commission qui dotera de manière indépendante le département en question du personnel dont ils ont besoin en respectant à la fois le critère de compétence et le critère de représentativité. Cette Commission indépendante de la fonction publique devra soumettre chaque année un Rapport au Président de la République et au Parlement concernant le profil de représentativité de la fonction publique guinéenne et les actions qu’elle a entreprise pour remédier à la sous-représentativité de certains groupes ethniques, des femmes et des personnes handicapées. C’est au cours de cette période de transition que cette refondation de l’État doit intervenir comme le souhaite le Colonel Mamady Doumbouya et le CNRD.

2) L’audit de la dette publique, l’audit des gros marchés publics de l’État, et l’implantation de mécanismes systémiques de lutte contre la corruption : ceci correspond au  « Redressement et à la moralisation de la vie publique » voulus par le CNRD. En effet, le CNRD a clairement indiqué qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières ou de vengeance. Et cela est une très bonne ligne de conduite parce que la chasse aux sorcières n’aide pas un pays à avancer. 

Par contre, sur le plan de la gouvernance, il est d’abord indispensable de procéder à l’audit de la dette publique guinéenne parce que le Gouvernement de transition doit engager des pourparlers pour l’annulation de la dette publique. Afin de pouvoir engager ces pourparlers de manière sérieuse, il faut d’abord faire l’audit de la dette publique afin de distinguer la dette publique qui a servi les intérêts des populations guinéennes de celle qui est odieuse. On appelle dette publique odieuse une dette contractée pour satisfaire des besoins contraires aux intérêts de la population. C’est cette dette publique odieuse que le Gouvernement de transition doit absolument réussir à faire annuler auprès des créanciers de la Guinée. 

Puis, en matière de moralisation de la vie publique, l’audit des gros marchés de l’État est également indispensable afin, non seulement d’identifier et remédier aux failles du système de passation des marchés publics en Guinée, mais aussi, pour recouvrir les sommes dues à l’État guinéen. Le Colonel Mamady Doumbouya l’a ci-bien dit dans son discours de prise du pouvoir. Dans un air de désolation, il a dit « regardez nos routes, regardez nos hôpitaux, regardez nos écoles ». Il a bien raison car ce sont des centaines et des centaines de millions de dollars qui ont été investi dans ces secteurs au cours des 10 dernières années. Nous devons donc savoir où sont ces fonds publics afin de les recouvrir. Ceci est extrêmement important pour garantir la transparence dans la gestion publique et pour rétablir la confiance des investisseurs et des acteurs économiques envers la Guinée. 

Finalement, il est inutile de rappeler ici que le seul facteur qui explique le paradoxe guinéen, c’est-à-dire « sous-sol très riche - populations très pauvre », est le phénomène de la corruption endémique qui gangrène toutes les échelles de notre pays. La période de transition est l’occasion unique d’implanter des mesures anti-corruption robustes afin d’éradiquer ce phénomène. Pour ce faire, la première mesure de lutte contre la corruption devra être, dans le cadre de la réforme constitutionnelle, de criminaliser l’enrichissement illicite des agents publics. C’est-à-dire que toute accumulation de richesse par un agent du gouvernement ou de la fonction publique, au-delà de ce que lui permet son salaire de fonctionnaire de l’État, devra être suffisant pour déclencher une enquête anti-corruption contre cet agent de l’État. Cette mesure doit symboliser la grande rupture voulue par le CNRD en matière de moralisation de la vie publique. La deuxième mesure en matière de lutte contre la corruption consiste à créer au cours de cette période de transition, une Agence indépendante de lutte contre la corruption en Guinée. L’agenda d’action de cette l’Agence devra être définit par le CNRD. Mais au bout de la période de transition, son agenda devra chaque 2 années être défini par l’Assemblée nationale à laquelle elle doit rendre compte chaque année de son avancement sur l’agenda défini. De même, l’Agence indépendante de lutte contre la corruption pourra être saisi par les populations pour les cas de corruption à la base. Dans l’exercice de son mandat, cette Agence anti-corruption indépendante doit être doté du pouvoir de mener des investigations, d’arrêter, de détenir et d’accorder une liberté sous caution; de recueillir des informations, saisir des documents et des biens en liens avec les enquêtes de corruption. La LDRG a déjà un Projet de Loi Anti-corruption qui couvre à la fois les marchés publics, le financement des partis politiques, et les prérogatives de l’Agence indépendante anti-corruption. Nous sommes le seul Mouvement dans l’environnement sociopolitique guinéen qui dispose d’un tel projet de loi qui est déjà prêt. Nous comptons le mettre le plutôt possible à la disposition du Colonel Mamady Doumbouya et du CNRD. Nous sommes en période de transition. C’est maintenant ou jamais!

3) La révision de la Constitution à faire adopter par Référendum : cette dernière mission à confier au Gouvernement d’union nationale n’est pas proprement dite de sa seule prérogative. Le processus de révision constitutionnelle, comme souligné dès le départ par le Colonel Mamady Doumbouya, est du ressort de la Concertation nationale inclusive, donc de l’ensemble des populations guinéennes. Cependant, le Gouvernement a sa partition à jouer dans ce processus. Notamment en prévoyant des crédits suffisants pour un déroulement efficace du processus de réforme constitutionnelle et du référendum d’adoption de la nouvelle Constitution. Nos propositions concernant le processus de réforme constitutionnelle, et le contenu de la réforme constitutionnelle ferons l’objet d’une déclaration ultérieure de la LDRG.

Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
Depuis la transition de 2008, la LDRG travaille sur ce que devrait être une Transition réussie telle que voulu par le Colonel Mamady Doumbouya et le CNRD. Avec courage et abnégation, et en faisant des 3 principales missions énoncées dans cette déclaration des priorités fondamentales, le Gouvernement d’union nationale réussira à remettre notre pays sur les rails de progrès et du développement pour tous. Cependant, je suis très conscient qu’aucune transition ne peut être parfaite. Il faut vraiment être naïf pour croire que tout sera parfait. Cependant, en soutenant le Gouvernement d’union nationale dans l’accomplissement de ces 3 principales missions, nous réussirons, en tant que nation, à sortir uni, solidaire et fort de cette transition.  Je vous remercie.

Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

DÉCLARATION No3

Tag(s) : #Africa, #Afrique, #Afrique de l'Ouest, #Guinée