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Cimetière de Bambeto - Janvier 2022

Ce mercredi 4 mai 2021 le Procureur Charles Wright a prononcé l’inculpation du Président Alpha Condé, et des gros bonnets de son régime, pour les crimes de sang commis au cours des douze années de sa gouvernance en Guinée.

1) Tout d’abord, mes premières pensées vont à l’encontre des nombreuses victimes de la répression du régime de monsieur Alpha Condé. Je les invite à s’en remettre à la justice: vos droits seront reconnus et réparation s’en suivra.

2) Puis, mes pensées vont vers toutes les citoyennes et tous les citoyens guinéens qui n’ont jamais cessé de battre le pavé au cours des douze dernières années pour dénoncer ces crimes et réclamer justice. Nous avons enfin aujourd’hui le sentiment d’avoir été entendu par le nouvel État guinéen en refondation. Nous saluons cette volonté politique au plus haut sommet de l’État d’en finir avec l’impunité, et nous soutenons sans aucune réserve le Procureur Charles Wright, son équipe, et nos magistrats dans cette croisade. Faire respecter les lois et les droits humains ne devrait en aucun cas être un processus extraordinaire dans un État normal. Mais en Guinée c’est une première. Nous faisons donc totalement confiance au Procureur Charles Wright et nos magistrats pour aller avec beaucoup de professionnalisme et de pédagogie dans l’accompagnement de ce changement culturel et sociologique dans notre société.

3) Également, je tiens à rappeler qu’il y a une grande différence entre “justice” et “vengeance”. Dans un État la justice se prononce au nom de l’ensemble de la société pour reconnaître les droits des uns et sanctionner les crimes des autres. En arrivant à assumer correctement ce rôle régalien, l’État Guinéen restaurera son autorité et sa crédibilité vis-à-vis des citoyens. Au lieu de nourrir des rancœurs et de la haine envers des présumés coupables de crimes, dorénavant les citoyens vont commencer à se tourner vers l’État pour réclamer justice.

4) Finalement, il est aussi utile de rappeler que nous sommes en période de transition. Dans une période de transition la société cherche les voies communes de solder un passé et se donner une nouvelle chance dans une unité retrouvée. Donc lorsque nous parlons de justice contre les crimes de sang au cours d’une transition, il s’agit de ce qui est communément appelé “une justice transitionnelle”, c’est-à-dire une justice dont la finalité n’est pas nécessairement de voire les présumés bourreaux souffrir pour leurs crimes. Il s’agit d’une justice où les souffrances des victimes sont reconnues par l’État et les bourreaux, où les victimes bénéficient d’une réparation morale et matérielle, où les bourreaux se confessent et demandent pardon, et où le pardon est accepté par les victimes et la société. Tout cela c’est pour éviter le sentiment de vengeance et pour nous donner une nouvelle chance dans une unité retrouvée. Je sais que le temps de la justice n’est pas le temps de la politique, mais cette justice transitionnelle est mon vœux le plus ardent pour notre nation d’ici la fin des 39 mois de la transition annoncée.

Dieu bénisse notre nation.

Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Africa, #Afrique, #Afrique de l'Ouest, #Guinée-Justice