Côte d'Ivoire : les impératifs de sortie de crise
Dakar/Bruxelles, le 2 juillet 2009: Afin d'éviter
la menace qui pèse sur l'accord de paix en Côte d'Ivoire, le président Laurent Gbagbo ainsi que les autres dirigeants ivoiriens vont devoir accélérer la mise en application des éléments-clés de
l'accord de paix avant les élections de Novembre.
Côte d'Ivoire : les impératifs de sortie de crise,* le dernier briefing Afrique d'International Crisis Group, évalue l'état de l'Accord de paix de Ouagadougou, qui mit fin à cinq
ans de conflit et de partition territoriale entre le gouvernement et les rebelles des Forces nouvelles en 2007. Les autorités nationales et locales ont besoin d'accélérer significativement le
rythme des préparations électorales, de la réunification administrative et du désarmement des groupes armés, sinon, le pays pourrait retomber dans la guerre.
« Les dirigeants ivoiriens doivent s'assurer que le vote se déroulera dans un environnement pacifique », avertit Rinaldo Depagne, analyste sénior chez Crisis Group. «
Le pays souffre depuis près d'une décennie et est en passe de ruiner son seul espoir de sortie de crise »
Aucune des parties n'a totalement respecté l'Accord de Ouagadougou. En conséquence, la Côte d'Ivoire demeure aujourd'hui un pays divisé et la restauration d'une administration nationale resté
inachevée. Bien que les « com'zones », commandants militaires de l'ancienne zone nord, aient renoncé à leur pouvoir administratif, ceux-ci dirigent encore des forces de sécurité locales
indépendantes et ont à leur disposition d'importantes milices.
Le processus de désarmement est au point mort, avec 9 000 anciens rebelles qui doivent encore être intégrés au sein de la police et des forces armées, et jusqu'à 20 000 miliciens
pro-gouvernementaux qui sont encore en place. La destruction des armes a été négligeable, limitée à un très petit nombre. La crise économique aggrave encore la situation en mettant de nombreux
jeunes pauvres et désœuvrés à la disposition des « com'zones » et des milices gouvernementales.
Le processus important d'enregistrement électoral se déroule trop lentement. Deux étapes fondamentales - l'identification et l'enrôlement des électeurs - n'ont été que
partiellement achevées. Ces procédures, insuffisamment financées et mal conçues, sont tenues en otage par les acteurs politiques et les fonctionnaires du gouvernement, un scénario très dangereux
dans un pays qui a récemment subi une guerre, qui était devenue le moyen pour résoudre les problèmes d'identité et de légitimation du pouvoir.
La communauté internationale doit user de ses moyens de pression financiers pour remettre le processus sur le droit chemin, en insistant sur la reprise du désarmement et de la réunification
administrative. Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, médiateur de l'accord de paix, doit redonner de l'élan aux efforts de facilitation. S'ils ne sont pas dissous à temps, les groupes
armés auront les moyens d'intimider les électeurs et de manipuler les résultats. Une administration nationale efficace est un préalable important pour pouvoir progresser vers une paix
durable.
« Le temps presse pour une relance de l'Accord de paix de Ouagadougou. Retomber dans un conflit ouvert doit être évité à tout prix » prévient Daniela Kroslak, Directrice Adjointe du Programme
Afrique à Crisis Group. « La Côte d'Ivoire n'est aujourd'hui ni dans une situation de guerre, ni dans une situation de paix et cela est très inquiétant car imprévisible. »
Source: http://www.crisisgroup.org