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L'Etat guinéen a décidé de renégocier les contrats miniers jugés trop favorables aux multinationales. Dernière affaire en date : le groupe anglo-australien Rio Tinto doit se retirer d'une partie du site de Simandou, l'un des plus importants gisements de fer au monde.

La bataille que se livrent, depuis près d'un an, d'un côté le groupe minier anglo-australien Rio Tinto et de l'autre l'Etat guinéen pour la mine de Simandou atteint cette semaine son point culminant. Rio Tinto a annoncé qu'il allait « procéder immédiatement au retrait de ses équipements des deux blocs d'explorations Nord du gisement de fer de Simandou ».

C'est en août 2008 que le président Lansana Conté, aujourd'hui décédé, annonce sa volonté de reprendre une partie de la concession de Simandou à Rio Tinto, le numéro deux mondial du secteur minier. Officiellement, Conakry trouve que les travaux d'exploration sur le site ne vont pas assez vite. L'Etat guinéen reproche également à Rio Tinto d'avoir privé le pays d'une partie des bénéfices issus du très bon cycle des matières premières.

Un potentiel de plus de 2 milliards de tonnes de fer

Le géant minier fait savoir qu'il a « déjà en 2000 rétrocédé 50% des surfaces d'exploration à l'Etat, soit 738 kms² ». Commencent alors d'âpres négociations. Objectif : mettre en production une des plus importantes réserves de minerai de fer au monde, plus de 2 milliards de tonnes. La junte militaire, qui prend le pouvoir à Conakry en décembre 2008, confirme la décision de Lansana Conté de rétrocéder les blocs Nord des concessions de fer de Simandou pour l'attribuer au groupe BSGR du milliardaire israélien Beny Steinmetz, laissant les blocs Sud à Rio Tinto.

Un coup dur pour le groupe minier anglo-australien qui emploie près de 1 800 personnes sur le site auquel il a déjà consacré près de 500 millions de dollars d'investissements. Rio Tinto déclare vouloir investir quelque 6 milliards de dollars pour exploiter et sortir le minerai de fer du site de Simandou, dont le démarrage de la production est prévu en principe en 2013. Avec un objectif de 70 millions de tonnes par an dans sa phase initiale.

Renégocier les contrats miniers

Doté d'un exceptionnel capital minier, la Guinée possède les plus grandes réserves au monde de bauxite, un minerai servant à fabriquer l'aluminium. Elles seraient de l'ordre de 40 milliards de tonnes. Le sous-sol du pays contient également d'importantes réserves d'or, de diamant, de fer, de nickel et d'uranium, avec des contrats signés sous l'ère du président Sékou Touré.

Mais ces conventions minières sont jugées trop favorables aux multinationales. Comme le général-président Lansana Conté, la junte au pouvoir à Conakry a décidé de renégocier ces contrats miniers. A terme, l'objectif est de tirer des revenus directs de l'exploitation des ressources minières, au lieu de se contenter uniquement des placements en banques. Malgré ce capital minier, la Guinée reste l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. Selon le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), dans ce pays de 9,4 millions d'habitants, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

par Myriam Berber
Source:http://www.rfi.fr/actufr/articles/115/article_83013.asp

Tag(s) : #International