Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nairobi/Bruxelles, le 26 août 2009 : Si le gouvernement veut éviter l’appauvrissement continu de la population et la déstabilisation du pays, il doit modifier le système de gestion de ses revenus pétroliers.


Tchad : sortir du piège pétrolier,* le dernier briefing de l'International Crisis Group, analyse l’impact de la mauvaise gestion des revenus pétroliers du pays. Depuis 2003, ceux-ci ont grandement contribué à la détérioration de la gouvernance au Tchad et à une succession de rébellions et crises politiques. Le régime d’Idriss Déby utilise les revenus du pétrole pour fidéliser ses soutiens, coopter des membres de la classe politique, et se donner les moyens militaires de rejeter toute véritable négociation politique. Cette stratégie a également réduit l’espace disponible pour l'opposition et la société civile et a contribué à maintenir le pays dans un état de paralysie politique, attisant les antagonismes entre le régime et ses opposants.

«L'instabilité politique récurrente est susceptible de saper les efforts qui permettraient d’utiliser le pétrole comme un atout pour le développement du pays », déclare James Yellin, directeur du projet Afrique centrale de Crisis Group. «Pour les gens qui n'ont pas vu leur conditions de vie s'améliorer et qui sont soumis à une corruption accrue, le pétrole est loin d'être une bénédiction».

La hausse des prix pétroliers en 2007 a permis au régime de disposer de suffisamment de ressources pour entreprendre de grands travaux publics. Présentés comme le fruit d’une politique visant à moderniser le pays grâce aux revenus pétroliers, ces projets ont conduit en 2008 à un endettement qui risque de s’accroître sur le long terme. L’attribution opaque des marchés de travaux publics a en outre accru le clientélisme politique et la corruption.

Pour échapper à ce cercle vicieux et mettre en place les conditions nécessaires à une stabilité durable, le gouvernement doit travailler à mettre sur pied un consensus national sur la gestion des revenus pétroliers. Un renforcement du contrôle et une supervision accrue de cette gestion devraient être mis en place afin d’éviter les problèmes de clientélisme et de favoritisme. La priorité donnée par le régime aux solutions militaires pour traiter des problèmes politiques doit également cesser. Le dialogue politique entamé en 2007, doit permettre d’aboutir à ce consensus, de concert avec l'opposition, la société civile et les représentants des régions productrices de pétrole du Tchad.

« L’enthousiasme suscité par l’exploitation du pétrole a fait place à un désenchantement généralisé », explique Daniela Kroslak, directrice adjointe du programme Afrique de Crisis Group. « Les principaux partenaires extérieurs du Tchad – la France, les États-Unis et la Chine – doivent conditionner leur soutien au régime à la création d’un véritable consensus national sur la gestion des revenus pétroliers. »

Source: http://www.crisisgroup.org/home/index.cfm?l=2&id=6288&m=1

Tag(s) : #International