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Mamadou Oury Diallo, Président de la LDRG

Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
Il y a un peu plus de trois années, notamment le 5 septembre 2021, le destin s’était invité chez nous en Guinée afin d’offrir une nouvelle, et peut-être une dernière, chance à notre nation. Le discours du 5 septembre 2021 de Mr Mamadi Doumbouya avait soulevé un immense espoir à travers tout le pays. Dans ce discours, il y avait l’engagement d’initier des réformes dans tous les domaines afin de redresser le pays. Mais surtout, dans ce discours, Mr Mamadi Doumbouya avait pris l’engagement formel d’une transition inclusive, de rendre le pouvoir aux civils au bout d’élections crédibles et transparentes, et de faire de la justice la seule boussole de la transition. Ce discours du 5 septembre 2021 fut matérialisé dans la Charte de la transition publiée le 26 septembre 2021. Sur la base de ce discours et de la Charte de la transition, comme l’écrasante majorité de notre nation, non seulement j’avais ressenti un profond soulagement, mais de plus, j’avais ouvertement soutenu le CNRD dans sa mission avouée.


Mes très chers compatriotes,
Trois années plus tard, au bout de la période formelle de transition convenue avec le peuple de Guinée et la communauté internationale, s’il faut reconnaître que le CNRD a réussi à engager des réformes importantes pour le redressement de notre pays, cependant je suis au regret de constater avec vous que Mr Mamadi Doumbouya n’a pas atteint tous les objectifs de sa mission dans le délai imparti. C’est donc un échec. Nous sommes au-delà du 31 décembre 2024 et le retour à l’ordre constitutionnel démocratique et civil n’est toujours pas effectif dans notre pays. S’il ne s’agissait que d’une question de délai pour atteindre tous les objectifs initialement avoués, la situation serait moins grave. 


Cependant, nous assistons surtout au reniement par Mr Mamadi Doumbouya et le CNRD des principes et engagements fondamentaux sur la base desquels nous, le peuple de Guinée, les avons soutenu et accompagné durant ces trois dernières années : les articles de la Charte de la transition qui interdisent aux acteurs ayant participé à la gestion de la transition de candidater aux prochaines élections n’ont pas été reconduit dans l’avant-projet de constitution; certains médias privés perdent leur licence et d’autres connaissent des restrictions; l’internet est régulièrement coupé; la corruption est de retour à plein régime dans le pays; l’insécurité est totale; des citoyens, des journalistes, et des acteurs de la société civile sont kidnappés pour leurs opinions; des acteurs politiques sont fallacieusement arrêtés et conduit en prison pour leur opinion, et d’autres sont détenus sans jugement ou condamnés sans fondement; et d’autre encore sont exilés pour leur opinion; et finalement nous comptons déjà plus de 60 morts dans la répression contre les citoyens qui manifestent leur mécontentement dans les rues à travers le pays.


Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui donc, trois années après le discours du 5 septembre 2021 de Mr Mamadi Doumbouya, comme l’écrasante majorité de notre nation, j’éprouve un sentiment de profonde trahison et déception. Ce n’était donc pas pour redresser notre pays et rendre à notre nation ses libertés et sa dignité que Mamadi Doumbouya et ses hommes avaient perpétré le coup d’État militaire du 5 septembre 2021? Sommes-nous vraiment en train d’assister à une opération de confiscation du pouvoir dans notre pays par un groupe armé dirigé par Mr Mamadi Doumbouya?


Guinéennes et guinéens,
La marche des nations vers la liberté est très souvent jonchée d’évènements tragiques et de recul. Le sentiment de trahison que nous éprouvons en ce début d’année 2025 n’est donc rien d’autre qu’un petit chapitre qui s’inscrit dans le lot de ces évènements tragiques que nous devons surmonter sur le chemin de notre longue marche résolue en avant vers la liberté et la démocratie.


Rappelez-vous que notre marche pour la liberté a commencé de longues dates. Après plusieurs années de mobilisation syndicale durant le régime de la colonisation, nous avions réaffirmé notre attachement à la liberté lors du vote du 28 septembre 1958. Durant tout le temps que durera le régime du parti unique de la première république, nous n’avions jamais renoncé à notre attachement à la liberté. De même, durant tout le temps que durera le régime militaire de la deuxième république, nous n’avions jamais renoncé à notre attachement à la liberté. Finalement, durant la transition de 2008 à 2010, nous avions payé le lourd tribu de crimes contre l’humanité pour manifester de la manière la plus évidente possible notre attachement à la liberté et à la démocratie. 


En accédant au pouvoir par les armes, et en cherchant à le confisquer en reniant sa parole et ses engagements, Mr Mamadi Doumbouya cherche donc à nous ramener plus de 15 années en arrière dans notre marche vers la liberté et la démocratie. Nous avions pourtant déjà payé le prix qu’il fallait pour sortir des régimes militaires depuis la fin de la transition de 2010. C’est d’ailleurs le lieu pour moi de rendre ici un vibrant hommage au Général Sékouba Konaté qui avait bien compris le sens de la lutte de notre nation et qui avait organisé une transition ordonnée vers un régime démocratique civil au bout de la transition de 2010. Comme le Général Sékouba Konaté, je sais qu’il y a plusieurs officiers républicains et progressistes au sein de nos forces armées. Je les rends un vibrant hommage.


Guinéennes et guinéens,
En reniant les principes de la transition et ses engagements fondamentaux vis-à-vis de la nation et de la communauté internationale, Mr Mamadi Doumbouya et une certaine frange du CNRD s’inscrivent donc à contre-courant de la longue marche de notre nation vers la liberté et la démocratie. Ils y vont de toutes leurs imaginations. Certains d’entre eux disent qu’ils veulent que la Guinée soit comme les pays du Sud-est asiatique; d’autres disent qu’ils veulent que la Guinée soit comme le Rwanda sans même connaître l’histoire de ce pays; et d’autres disent que nous, le peuple de Guinée, n’avons besoin que d’immeubles, de routes et de ponts. Dans leur vaste et féconde imagination, il n’y a cependant aucune place pour la liberté et la démocratie tant chéries et aspirées par notre nation. 


Avec toute l’admiration que j’ai pour ces pays-là et leurs dirigeants, mais la Guinée n’est ni un pays du Sud-est asiatique, ni le Rwanda. Pour ce qui est des immeubles, des routes et des ponts, notre nation a déjà répondu à cette question depuis le 28 septembre 1958 : nous préférons la liberté dans la pauvreté, à l’opulence dans l’esclavage. Pourquoi Mr Mamadi Doumbouya veut-il nous ramener en arrière et chercher à nous imposer des chemins qui ne nous appartiennent pas?


De même, en s’emparant du pouvoir par les armes, et en cherchant à s’y accrocher en reniant ses engagements vis-à-vis de la nation et de la communauté internationale, Mr Mamadi Doumbouya et une certaine frange du CNRD veulent justifier le droit des forces armées à gouverner la Guinée. À ce niveau également, ils mettent les bouchées doubles en augmentant de plus de 120% le budget de l’armée depuis 2021 et en militarisant à outrance l’administration publique. En voyant les cadres de l’administration publique de notre pays revêtus de tenues militaires kakis et marchant au pas de charge, le monde autour de nous ne manque pas de raisons de se moquer du ridicule qui se passe en Guinée. 


À ce niveau également, avec toute l’admiration que je porte à la vaillante armée guinéenne, mais notre nation a déjà défini la place qu’elle accorde à ses forces armées : une armée républicaine au service de la liberté et de la paix dans le monde. Les lettres de noblesse de l’armée guinéenne n’ont pas été acquise dans des coups d’État militaires, mais plutôt dans la lutte pour la libération coloniale des peuples opprimés. De plus, il est très regrettable que Mr Mamadi Doumbouya veuille même à nouveau interroger notre nation à ce sujet alors que ce n’est même plus une question qui se pose à notre époque. C’est comme se demander du « communisme » ou du « libéralisme » quel est le meilleur système de gouvernance. L’histoire a déjà répondu à cette question. Même nos chers partenaires de la Russie et du Parti Communiste chinois sont devenus des adeptes zélés du libéralisme capitaliste. De la même manière, l’histoire a déjà répondu à la question à savoir s’il est préférable d’avoir un régime militaire ou un régime démocratique civil fonctionnel. Il suffit de simplement observer tous les pays qui progressent autour de nous pour s’en rendre compte : Sierra Leone, Libéria, Côte d’Ivoire, Sénégal, Guinée-Bissau, Gambie, Bénin, Ghana, Nigéria. Nous pouvons même rajouter la Chine, la Russie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, et les États-Unis. Pourquoi Mr Mamadi Doumbouya veut-il nous ramener plus de 15 années en arrière et chercher à nous imposer des chemins qui ne nous appartiennent pas?


Guinéennes et guinéens,
Au-delà des questions de liberté et gouvernance civile, le coup d’État militaire suivi de la tentative de confiscation du pouvoir par Mamadi Doumbouya pose une question vitale à notre nation. Des armes ou des urnes, quelle va être la véritable source de pouvoir dans notre pays?


Même à cette question, si vous y pensez très bien, notre nation a déjà répondu. Notamment avec la marche de la démocratie qui a eu lieu le 28 septembre 2009 et qui s’était terminée par des crimes contre l’humanité. Mais, en reniant ses engagements, Mr Mamadi Doumbouya insiste à interroger notre nation sur ce point : des armes ou des urnes, quelle va être la véritable source de pouvoir dans notre pays? Il s’agit d’une question vitale pour notre nation car, à ce point, si le retour à l’ordre constitutionnel démocratique et civil n’est pas effectif au bout de la transition, cela encouragera légitimement tous les acteurs qui ambitionnent conquérir le pouvoir dans notre pays à le faire par les armes. Or, nous savons tous qu’au bout des conflits armés, il n’y a jamais de gagnants, rien que des perdants. Il s’agit là d’une perspective très sombre pour notre nation. Je me demande simplement si Mr Mamadi Doumbouya s’en rend véritablement compte. 


Guinéennes et guinéens,
Mes très chers compatriotes,
En ce début d’année 2025, oui nous éprouvons tous un sentiment de trahisons de la part du CNRD. En accédant au pouvoir par les armes, en violant la Charte de la transition, en reniant ses engagements, et en cherchant à confisquer le pouvoir, Mr Mamadi Doumbouya veut nous imposer une vision à contre-courant de la longue marche de notre nation vers la liberté et la démocratie. Il veut qu’on soit un pays de l’Asie du Sud-Est ou le Rwanda, mais nous sommes la Guinée et nous avons notre propre histoire. Il construit des immeubles, des routes et des ponts, mais nous sommes le peuple de Guinée et nous préférons la liberté. Il augmente de plus de 120% le budget de l’armée, mais notre armée a acquis ses lettres de noblesse au service la lutte pour la libération coloniale des peuples opprimés. Et il interroge notre nation : des urnes ou des armes, quel va être la véritable source de pouvoir dans notre pays?


À cette dernière question, après avoir profondément réfléchi, notre parti, « la Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG), s’engage résolument à répondre à Mr Mamadi Doumbouya par les urnes. Nous choisissons les urnes parce que, non seulement c’est cette méthode qui est en adéquation avec nos principes et nos valeurs, mais de plus, c’est cette méthode qui est la plus efficace pour unir notre nation et définitivement vaincre Mr Mamadi Doumbouya et la vision rétrograde qu’il veut imposer à notre nation ». 


Quant à moi, vous le savez désormais, la vision que je porte est celle d’une nation où les libertés de la presse, d’opinion, d’expression, d’association, de rassemblement, de manifestation, et d’entreprise sont sacrées; c’est celle où la justice est totalement indépendante et accessible aux citoyens; c’est celle où les seules méthodes de délibération sont la démocratie et le consensus; c’est celle où nos forces armées sont respectables, républicaines et à la hauteur de ses lettres de noblesse acquises dans la lutte pour la libération coloniale des peuples opprimés; et c’est celle où, finalement, le pouvoir est partagé. Dans la Guinée que j’envisionne, jamais les populations ne souffriront de conflits politiques car les gagnants des élections et les perdants des élections seront tous associés à la gestion du pays au niveau local, au niveau de l’Assemblée nationale, et même au niveau du gouvernement que je dirigerais.


Mes très chers compatriotes,
La Ligue des Démocrates Réformistes de Guinée (LDRG) est le cheval de bataille de notre nation. La LDRG est le parti de la liberté et de la démocratie, et nous avons choisi les urnes pour répondre et vaincre Mamadi Doumbouya et sa vision rétrograde. Ce n’est pas le moment de se résigner. Nous n’allons jamais renoncer à nos libertés d’expression, d’opinion, de la presse, d’association, de rassemblement, et de manifestation. Nous irons au bout de notre longue marche en avant vers une démocratie fonctionnelle. Très prochainement, je serais en Guinée pour véhiculer dans tous les recoins du pays notre vision et inviter notre nation à reprendre son destin en main.


J’invite chacun d’entre vous à faire tout son possible pour se faire recenser et se munir de son bulletin de vote. J’invite à l’unité totale l’ensemble des forces sociales et politiques qui partagent la vision de la LDRG. Créons des coalitions politiques et fusionnons nos forces. Partout où c’est possible, présentons des candidatures uniques, même pour les élections présidentielles. Mr Mamadi Doumbouya peut détenir les armes d’une main et l’administration publique de l’autre main, mais le bulletin de vote reste dans les mains de chaque citoyen guinéen. Comme le 28 septembre 1958, le peuple de Guinée dira massivement NON à Mamadi Doumbouya, OUI à la liberté et la démocratie.


Vive le peuple libre de Guinée! En avant pour la démocratie!
Que Dieu bénisse la Guinée!


Je vous remercie!


Mamadou Oury Diallo
Président de la LDRG

Tag(s) : #Guinée-Politique, #Transition-Guinée