LaPresse.ca - L’Américain Robert Francis Prevost élu pape

(Cité du Vatican) Robert Francis Prevost a été élu pape au quatrième vote du conclave jeudi soir. Le cardinal américain, qui a 69 ans, a pris le nom de Léon XIV.

La fumée blanche est sortie de la cheminée de la chapelle Sixtine peu après 18 h.

La foule assemblée à la place Saint-Pierre a éclaté en acclamations et en « Habemus papam ». Et la place s’est remplie rapidement de milliers de fidèles supplémentaires.

Léon XIV s’est réclamé du « faible et courageux » François à deux reprises durant son premier discours. Il a toutefois soufflé le chaud et le froid, avec des allusions pouvant être considérées progressistes et conservatrices. Il a affirmé qu’il serait « missionnaire », mais aussi que « le mal ne prévaudra pas » ; il a envoyé un « message de paix », mais a aussi invoqué l’anniversaire de la Vierge de Pompéi.

Il a même prononcé un Ave Maria. La figure de la Vierge est parfois invoquée par les traditionalistes pour limiter le rôle des femmes dans l’Église. Il s’est enfargé dans son discours en italien, prononcé avec un accent américain palpable, mais très compréhensible. Il a salué en espagnol, sans accent, ses anciens fidèles de Chiclayo au Pérou, où il a été évêque.

Il n’a pas parlé en anglais.

L’élection de Léon XIV est une grande surprise. Presque tous les vaticanistes estimaient qu’un pape de la superpuissance économique et militaire était impensable.

Les rares vaticanistes qui envisageaient un pape américain mentionnaient ses faibles racines américaines. « Prévost est fortement associé à l’Amérique latine », dit Marco Grieco, rédacteur à l’Osservatore Romano. « Et un Américain pourrait avoir plus d’impact dans ses critiques de la société et de la politique américaines. »

Le président américain, Donald Trump, a félicité le nouveau pape sur son réseau Truth Social. « Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays », a-t-il écrit, se disant « impatient » de rencontrer le nouveau chef de l’Église catholique.

Le premier ministre canadien, Mark Carney, a offert au nouveau souverain pontife les « meilleurs vœux » du Canada en cette période de « profonds défis ».

« Qui entre pape ressort cardinal »
Robert Francis Prevost est né à Chicago de parents italien et français et a fait carrière au Pérou comme missionnaire augustin. Il a succédé à l’archevêque de Québec, Marc Ouellet, au Dicastère pour les évêques en 2023.

Le dernier Léon à avoir occupé la chaire de Saint-Pierre, Léon XIII, a eu l’un des plus longs pontificats de l’histoire, de 1878 à 1903. En 1891 il avait procédé à une grande modernisation avec son encyclique Rerum novarum, qui avait dénoncé les conditions de travail des ouvriers et avait fondé le « catholicisme social ». Le choix du nom Léon XIV indique donc qu’il entend continuer la défense des pauvres et des migrants menée par François.

Ce résultat consacre l’expression centenaire « qui entre pape au conclave en ressort cardinal ». Le favori du conclave était en effet Pietro Parolin, 70 ans, qui est secrétaire d’État. Il était fortement associé au pape François, ayant été nommé en 2013, peu après l’élection de ce dernier.

Lors des « congrégations générales », des discussions entre cardinaux avant le conclave, plusieurs cardinaux ont évoqué des « divisions » dans l’Église, en raison des nombreux chantiers non achevés lancés par François et de son accueil des « périphéries » – les homosexuels, les femmes et les divorcés – au mépris, selon plusieurs, de la doctrine catholique.

Le seul élément controversé de son parcours, une entente avec la Chine permettant au Parti communiste de choisir les évêques, a pu lui être fatal. Le cardinal hongkongais Joseph Zen avait fait le voyage à Rome malgré la maladie pour dénoncer cet accord avec la Chine aux congrégations générales.

L’opposition à sa candidature était telle que des rumeurs que Mgr Parolin s’était évanoui lors des congrégations générales avaient été lancées puis démenties. Il s’agissait de tentatives de semer des doutes sur son état de santé, comme celles qui évoquaient avant le conclave de 2013 que Jorge Maria Bergoglio n’avait qu’un poumon – il s’était en fait fait enlever un lobe d’un poumon dans sa jeunesse.

Source: https://www.lapresse.ca/international/europe/2025-05-08/conclave-au-vatican/l-americain-robert-francis-prevost-elu-pape.php